Mallorque : Séjour de canyoning
Les séjours de canyoning sont pour nous une belle raison de découvrir une destination nouvelle tout en visitant les lieux les plus reculés, les plus sauvages, les plus préservés. Cette année, nous découvrons l'île de Mallorque, qui n'est pourntat qu'à quelques heures des Pyrénées Orientales. Principal relief de l'île méditerrannéenne, oscillant entre 0 et 1450m d'altitude, la Serra de la Tramuntana qui forme toute la côte Ouest concentre de nombreux canyons. Le dernier topo-guide catalan sorti en 2019 en recense 68.
Cet article vise à vous donner quelques tuyaux pour vous aider à organiser votre road-trip canyon à Mallorque, ou bien à vous faire envie pour qu'on organise un stage ou un séjour canyoning!
Les types de canyons à Mallorque
Sur l'île il y a majoritairement du canyon sec, que les locaux appellent paradoxalement "torrente". Certains avec de petites verticales (comme Diners), d'autres avec de grandes tirées (canyon de Miracle, 200m de parois vue sur la mer). Il y a donc de jolis canyons secs qui se font toute l'année. Il y a aussi certains canyons qui sont très beaux après de très fortes pluies (comme Llu) et d'autres canyons qui coulent plus régulièrement si l'automne ou le printemps ont été pluvieux, mais qui deviennent impraticables si il a trop plu, tellement ils sont étroits.
Les canyons sont tous karstiques (l'île n'est composé quasiment que de roche sédimentaire, principalement calcaire). Cette spécificité est à prendre en compte pour les débits qui ne dépendent pas de leur bassin versant classique mais d'un bassin d'alimentation plus complexe : des sources karstiques peuvent alimenter un canyon alors qu'il n'a pas plu sur son bassin versant géographique, à l'inverse, des pertes dans le canyons peuvent faire disparaitre la totalité du débit 1 jour après les pluies!
La période idéale pour un road-trip canyon à Mallorque
Si il n'a pas beaucoup plu, comme cela a été le cas pour nous cette année, le temps de réaction est extrêmement rapide : le débit baisse à toute vitesse d'un jour à l'autre. Selon les canyons que vous voulez faire, il faut donc calculer la bonne saison pour partir. Nous on a voulu faire les canyons en eau, on a donc guetter les pluies, qui ont été bien rares cette année 2024.
Dans l'idéal donc, il faut surveiller la météo. Si on veut faire du canyon en eau, alors il vaut mieux viser la fin de l'hiver - début du printemps. Mars c'est vraiment pas mal. Il fait encore un peu frais, mais il n'y a pas grand monde.
La recherche d'informations
Nous nous sommes basés sur descente-canyon et sur le topo-guide dont j'ai parlé plus haut. Il est écrit en catalan, la langue locale. Si vous arrivez à le lire, chaque fiche topo est très soignée et donne toujours des petites informations sur l'histoire, la géologie, la culture, le patrimoine.
Le plus compliqué à géré sont les accès. DC et le topo ne suffisent pas toujours à se retrouver dans la garrigue. Sur Iphigénie, c'est pas mal d'avoir openStreetmap, ou bien Maps.me qui renseignent bien sur les sentiers et sentes. Sur le terrain on trouve pas mal de cairns ("hito" en catalan). Les noeuds sur les feuilles de carex (plantes vertes qui poussent sur les lapiaz de moyenne altitude, et qui sont particulièrement tranchantes) sont aussi un moyen de baliser un sentier.
Autorisation
Pour pratiquer dans le parc de la Tramuntana, il faut demander une autorisation (on la reçoit automatiquement une fois le formulaire rempli). Autorisation à ce lien. Certains secteurs sont devenus interdits, comme le canyon de Coma Freda qui est encore dans ce topo mais qui a été intégralement déséquipé.
Les 5 canyons en eau
Nous avons pu descendre les 5 canyons de l'île de Mallorque qui sont le plus en eau. Ils se caractérisent par des encaissements bien marqués, voire extrême (comme sa Fosca qui est dans la noir total) et une eau bien fraiche contrairement à ce que l'on pourrait s'imaginer d'une île (8° pour Gorg Blau) ! Certains nécessitent pas mal de logistique d'itinéraire (Na Mora et Mortitx finissent tout les deux en pleine mer).
Un évènement est largement à prendre en compte pour le canyon : l'hiver 2003 la tempête de neige "Isabelle" (incroyable!) à coucher une grosse partie des arbres martitimes qui n'ont pas supporter la lourde charge (jusqu'à 1m de neige!) et qui ont fini leur parcours dans les canyons. Ces embâcles changent bien la donne, je donne les infos dans les canyons que nous avons pu faire.
Le canyon de Gorg Blau
De loin notre préféré ! On a eu franchement de la chance, car le canyon était en eau. On a sauté sur l'occasion après deux jours de pluies. L'ambiance était bien fraiche : le canyon ne voit pas le soleil, la tramontane s'y engouffre et il y a beaucoup de nage. Les embâcles ne nous ont pas trop gêné, malgré tout on a évité certains sauts pour ne pas finir empalés ... Le canyon est majeur de part son encaissement. Si il est sec, il doit être magnifique aussi, mais dans ce cas je suppose que l'escalade dans les embâcles doit bien gâcher la progression, et s'avérer peut être dangereuse? On a vu certains relais, qui servent quand le canyon se fait en sec, sous l'eau. Pour idée on devait bien avoir 5-6m de fond. Par endroit l'eau se perd et le canyon redevient sec.
Le départ se fait de la buvette d'Escora, à côté du lac de Gorg Blau. La sortie se fait par l'échappatoire (équipé en fixe) qui s'appelle "Pas del Duro". Environ petits 15 rappels à remonter sur corde, de quoi se réchauffer !
Quand le canyon est en eau, à 4 personne, le temps de descente sans se presser est d'environ 3h.
Le canyon de Sa Fosca
Il se fait dans la continuité absolue de Gorg Blau, à partir de l'échappatoire Pas Del Duro. Aucun temps mort entre les deux canyons. Sa Fosca se caractérise par le resserrement (encore!) des parois, jusqu'à arriver à un noir absolu. Pas de réelle difficulté technique mais l'engagement est total ! Temps de descente de 2h approx.
Accès : soit en descendant en rappel par Pas del Duro. Retour : remonter le torrent de Pareis puis les sentes qui ramènent au mirador d'Escorca.
Les embâcles n'ont pas franchement gâche notre progression. Après deux jours de pluie, le canyon coulotait et était en eau tout du long, sauf sur la toute fin (5min) lorsque Sa Fosca rentre dans le Pareis, où l'eau se perd définitivement.
Le canyon de Mortitx
Canyon emblématique de l'île, il est très parcouru malgré son accès et son retour assez exigeants et engagé.
Si vous choisissez ce canyon, il faut donc bien prévoir la logistique. Côté parking, il y a très peu de place, anticiper en arrivant tôt ?
La marche d'approche se fait par un torrent sec, dans la garrigue. Paysage de lapiaz sublime.
Le canyon en lui même est techniquement facile, incroyablement beau et court ! Il est bien ludique. Il est creusé dans la roche mère, pas d'alluvions, pas d'embâcle.
La problématique c'est bien le retour. Il y a donc la fameuse "via ferrata" assez classique. A notre passage les câblettes étaient très fines et monopoints. En gros, ça sert plus de balisage que de sécurité, il faut pas tomber. Il y a environ 45min de remontée à faire comme ça. Ensuite, soit on refait la marche d'approche à l'envers, soit on peut rentrer par un autre chemin qui passe par la ruine "Rafael", qui est plus long mais magnifique et nous permet de profiter encore de ces lapiaz incroyables. (un peu paumatoire).
L'autre option consiste à remonter le torrent, en ayant laissé équipe en fixe la C20 et la C18 finale. Le reste s'escalade et est équipé en fixe (à notre passage).
L'option la plus safe, si la mer est calme, est d'organiser une sortie par bateau. Là c'est bien classe, mais on dépend clairement des conditions météos. Le jour où on l'a fait, cette option était in-envisageable.
Le canyon de Na Mora
Une perle de l'île! On a beaucoup aimé Na Mora, malgré qu'on se soit loupé les bonnes conditions aquatiques à quelques jours près. Nous avons eu la chance d'avoir le canyon en eau au début, il s'est asséché à une perte dans la partie finale (la plus encaisée). Malgré tout il reste très beau et les vasques n'étaient pas croupies.
L'accès est un peu long (1h30) mais très joli, il chemine sur les chemins pavés entre les oliveraies et les possessions (anciennes fermes de riches agriculteurs). Le canyon arrive à la mer, c'est même la mer qui rentre dans le canyon dans le bief de la fin. Le retour classique se fait en nageant par la mer (les locaux mettent leur baudrier dans un sac étanche pour ne pas le saler) jusqu'à arriver à une petite plage et rentrer à Port del Soller à pied. Puis retour navette ou stop au mirador de départ. C'est une bonne option, sauf s'il n'y a pas beaucoup d'eau dans le canyon, car le bief final se rempli de méduses ...
Ce qui était notre cas. On avait anticipé et équipé les obstacles de l'encaissement final en fixe (prévoir 4 petites cordes) pour remonter jusqu'à l'affluent (sec). De là on peut bartasser pour rentrer à pied au mirador ou bien rejoindre le Port del Soller (moins bartasse il parait.). Paysage de retour sublime, avec toujours ces lapiazs incroyables.
Le canyon de Biniaraix
Celui là est facile à organiser, sauf pour se garer. Biniaraix est minuscule, si vous êtes en fourgon c'est pas la peine d'y rentrer (comme beaucoup de village de l'île)! On peut se garer à l'entrée du village et marcher 1km, ça va très bien.
Accès magnifique par un sentier de randonnée sur chemin pavé. Descente très agréable, c'est le canyon qui a le plus de corde, dans ceux que nous avons fait. Les embâcles ne nous ont pas gêné.
Sur la place du village il y a de bons bars et restau !
Le canyon de Coanegra
Ce canyon devait être une perle ludique pour l'initiation, mais suite à la tempête, il a perdu casiment tout son intérêt. Avec les embâcles la progression est pénible voir impossible. On devine bien que l'encaissement est joli mais quel dommage. Au moins la première cascade est joli et offre une bonne douche et un bon bain, si le canyon est en eau. Plusieurs accès possible. Par le parking du col de Saint Honor, il y a peu de places pour se garer, mais la marche est plu courte.
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