Suisse - A la découverte du canyoning hivernal
Cette année nous avons profité de notre inter-saison pour aller faire du canyoning en Suisse, dans la région de l'Oberland. En cette première semaine du mois de Novembre, nous sommes enchantés de découvrir les canyons Oberlandais en conditions hivernales ! En effet, les températures à Lauterbrunnen ont chuté et l'eau des canyons s'est transformée en glace, ce qui donne des paysages féériques de stalactites de glaces, de massifs stalagmitiques glacés, d'énormes gours glacés, sommes toutes, des concrétions que nous trouvons habituellement sous terre en spéléologie sous leur version "calcite" !
Nous avons d'autant plus été enchantés lorsque nous marchions dans la neige, en combinaison de canyoning, pour accéder aux canyons. Le paysage avec 30cm de neige fraiche laisse dubitatif sur la pratique possible du canyoning, mais étonnamment, la neige n'est pas gênante. Paysage de l'Oberland à couper le souffle, avec l'Eiger, le Jungfrau et le Mönch en ligne de mire, et leurs énormes glaciers.
Nous avons eu droit à toutes les météos : chutes de neige, glace, températures négatives mais aussi grand soleil !
Cette pratique du canyoning est très spécifique et nécessite des conditions, une préparation et des connaissances particulières ainsi qu'un équipement spécifique.
Tout d'abord, nous étions équipés avec des combinaisons semi-étanches ou étanche, où l'eau ne circule pas comme dans les "humides" (les combinaisons que nous utilisons l'été), couplés d'un kway et d'un pantalon anti-abrasions. Nous avions des bons gants, des grosses chaussettes et une cagoule. Nous avions aussi une paire de crampons et un piolet, au cas où les accès soient trop en glace et aussi pour enlever la glace qui recouvrait parfois les ancrages. Afin de choisir les canyons dans les meilleures conditions, nous nous basions sur la météo bien entendu, mais aussi sur l'isotherme et l'orientation du bassin versant, pour être sûrs que le glacier en amont du canyon et la neige ne risqueraient pas de fondre dans la journée et, par conséquent, de faire augmenter le débit.
Nous avions prévu de quoi nous réchauffer régulièrement (thermos de thé, chaufferettes, de quoi grignoter), de quoi réparer une combinaison sèche si elle venait à percer, de quoi terminer le canyon ou la marche de nuit (frontale étanche) en cas d'imprévu et parce que les journées sont très courtes, de quoi rééquiper le canyon s'il n'avait pas été parcouru cette saison (perfo et ancrages) mais aussi de quoi avoir chaud en cas d'immobilisation lors du parcours ("point chaud" constitué d'une tente et de bougies, vêtements secs)
Tout cette préparation est nécessaire à une descente dans des conditions de sécurité optimales. Puis vient le déroulement de la descente : malgré notre équipement de qualité, si les temps d'attentes sont trop longs, on se refroidi, les mousquetons gèlent, les cordes gèlent. Il est nécessaire que tous les membres de l'équipe soient actifs et rapides. Nous sommes une équipe qui avons l'habitude de canyoner ensemble et pourtant nous avons été surpris d'être aussi "lents" dans nos manips. Trouver un relai sous la neige prend plus de temps, le froid nous engourdissait, tout était plus lent. Le simple geste d'ouvrir un mousqueton nous prenait plus de temps que d'habitude. Lors de notre descente du canyon de Schwartzbach, particulièrement froid ce jour là (température ressentie -10°C peut-être), les mousquetons, les longes, les cordes, les fermetures des sacs, les zips, les sifflets, tout gelait instantanément une fois sortis de l'eau. Cela n'empêche pas la descente du canyon, mais il faut tout anticiper, dont les choses les plus basiques comme : pouvoir ouvrir son sac pour sortir la corde. Au final, plus personne ne fermait sont kit pour être sûr que la corde serait disponible. Nous avons proscrit les mousquetons autolock et ne vissions pas les viroles de nos mousquetons. Une solution existe cela dit : si le mousqueton est trop gelé pour l'ouvrir, le remettre dans l'eau peut permettre de le déglacer.
Il nous fallait également être vigilants sur la corde de progression: lorsqu'elle gèle, les mains n'arrivent plus à freiner la corde dans la descendeur. Les bloqueurs mécaniques " à pico" se bourraient de glace et devenaient aussi hors d'usage. Tout se solutionne, mais il faut l'avoir anticipé.
Les journées étaient plus physiques que d'habitude, notamment lors du gainage pour garder son équilibre sur la glace, ou pour ramper (à défaut de nager) dans les vasques pleines de glace pilée (nous les avons baptisé vasques mojitos).
Grâce à ces conditions hivernales et notre équipe surmotivée, et un chalet douillet pour être au chaud et sécher tout notre matériel chaque soir, nous avons profité d'un excellent séjour canyon glacé dans l'Oberland, avec des paysages de neige et de glace féériques et inoubliables. Etonnement, nous n'avons pas eu si froid que ça, lorsque l'équipe progresse constamment, nous avions même parfois trop chaud. Le plus dur, c'était surtout de se changer !
La pratique hivernale du canyoning était une découverte pour la casi totalité de notre groupe. Avec ce bon déroulement et cette bonne préparation, ce séjour nous a ouvert les yeux sur une nouvelle pratique qui laisse rêveur, bien que l'engagement soit plus grand, on a l'impression de redécouvrir notre activité, et cela donne des idées nouvelles. Nous avons tous qu'une hâte : recommencer; la glace nous manque déjà.
Ci dessous quelques photos pour partager les beaux paysages de canyons en glace. Lors de notre séjour, les canyons de Shiltbach, Shwartzbach, Saxetbaxe, Rosenlaui présentaient de la glace. Nous avons fait le mythique canyon de Sefi sous des gros flocons de neige, ce qui a donné une ambiance d'enfer. L'accès de Gamchi était enneigé sur la fin et le canyon présentait un peu de glace au sol. Les canyons de Reichenbach, Mattli, Rybi et Trümmelbach V n'avaient pas de neige ni de glace.
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